Edito
L’heure où je vous écris précède exactement l’Avent.
Réputé temps de conversion.
Y échapperons-nous ?
Notre humanité, et l’humanité en nous, depuis Adam semble-t-il, ne cesse de se considérer autosuffisante, (« moi-tout-seul ! »), assez grande pour se confectionner les dieux qui lui vont bien. Nous les repérons facilement chez les autres, ces faux dieux de la consommation, de l’argent, du pouvoir, de l’écologie et de l’anti-écologie, ces réalités, souvent bonnes, que nous élevons au rang de dieux.
Les religions d’ailleurs sont assez bonnes pourvoyeuses de ces dieux sur mesure, et dans chaque religion les croyants confectionnent avec soin leurs propres variantes.
La religion juive n’échappait pas à cette réalité : à peine sorti d’Égypte, alors que Moïse tardait à descendre du Sinaï, le peuple fond les bijoux des femmes – sortis d’Égypte – pour en faire un dieu à sa mesure et le reconnaitre comme l’auteur de la libération, du salut.
La religion chrétienne n’échappe pas à cette réalité, et nous dedans non plus. Point n’est besoin de préciser les récents déboulonnés de leur piédestal, ni telle ou telle version gnostique ou pentecôtiste. L’important, me semble-t-il, est de repérer les dieux que nous fabriquons. Les évangiles apocalyptiques de ce temps pré-Avent nous y aident, prenant à contrepied notre vision parfois irénique du Salut.
Comment imaginer, dans notre attente du Salut, dans notre fidélité au Fidèle, dans notre échelle de valeurs – et en particulier les soi-disant « valeurs chrétiennes » -, comment imaginer que Dieu se fait bébé, et pas un bébé tout fait d’un coup ? De l’ovule fécondé au nouveau-né, en passant par l’embryon et le fœtus, Dieu a pris le risque majuscule, Il se révèle à mille milles de nos terres habitées, au risque de passer incognito.
Et s’il n’y avait pas eu Pilate et son écriteau au sommet de la croix, qui aurait pu reconnaître Dieu-roi-des-juifs dans le supplicié du Golgotha ?
Je te souhaite, ami lecteur, la paix et l’audace de lire et relire la Bible, dont les évangiles.
Je te souhaite d’y découvrir l’inattendu de Dieu quand Il ne rentre pas dans nos cases, quand Il déborde de nos images, quand, au détour d’un verset, Il illumine ta vie.
Bernard FENET
28/11/24